Premiers temps.
Lima.
Ville gigantesque aux mille visages.
La ville démesurée où nos perceptions sont ébranlées au coin de chaque cuadra.
On a pas idée du trouble que peut entrainer une telle diversité urbaine sur nos étroites visions européennes.
La ville où nos impressions sont sans cesse remises en question, et nos sens continuellement à l’épreuve du changement.
Lima. De Pueblo Libre à Miraflores, d’une ville à l’autre.
Nos règles y sont obsolètes.
Ils se sont inventés leur propre code de la route, qui d’ailleurs sont le plus souvent inexistantes, ou avec un peu de chance, inachevées, et le géant américain Coca-Cola gagne du terrain face à la boisson nationale péruvienne jaune fluo au goût très vite écœurant de chewing-gum, l’Inca Cola.
On passe de ce type de commentaires - « C’est vide. C’est encore en construction. Je ne m’y baladerais pas toute seule. »- à celui-là – « On dirait Miami. J’ai vu 3 KFC et 3 Starbucks. P***** mais y’a des Blancs et des Blonds ici ! -.
La nourriture est vraiment très bonne, au moins autant qu’elle n’est calorique. Oui, je mange de la viande et du poisson cru. Comme quoi.
Et nos intestins semblent supporter le changement culinaire (pour le moment).
Après quelques tentatives de rejoindre un point B depuis A à pied, nous avons cédé notre ferveur pédestre au confort du 5-sur-banquette en taxis. Après s’être fait bien sûr envoyé paitre plusieurs fois par des chauffeurs peu désireux de transporter de jeunes gringos pour seulement 10 soles.
Ah oui, le coût de la vie…
C’est-à-dire que petit-dej + taxi + déj copieux + taxi + téléphone portable + crédit + capuccino + pisco à outrance + diner + taxi = un prix tellement bas que j’ai même honte de vous le confier. On est les rois du pétrole. Ici, on donne une autre valeur à un Coca light ou à un 5 km en tacos.
Hum hum, parlons donc de la circulation à Lima.
L’expression « course de taxi » ne devrait s’appliquer qu’à l’expérience véhiculée liménienne.
Les chauffeurs de taxi se font tous les coups bas possibles sur la
route ; ça fait des queues de poisson, ça pile sec, ça cherche à doubler
en permanence, ça ne ralentit pas devant les piétons (oui, les piétons n’ont
pas de droit à Lima), ça fait fît des lignes blanches (mais qu’est-ce qu’on
s’en balance ?) ça indique que ça tourne en passant la main à travers la
fenêtre, ou quand ça connait l’existence du clignotant, ça le laisse pendant
tout le trajet. Ah oui, ça connait parfois la situation conjugale du Président
de la République français. MAIS, ça s’arrête quand la madame qui fait office de
feu tricolore dit de s’arrêter. Etrange, non ?
Ici, on communique par le bruit.
Pour indiquer sa présence, on klaxonne, ou on fait retentir une sirène type NYPD Blue. Pour suivre un itinéraire, on quémande en hurlant son chemin tous les 100 mètres.
Lima, c’est du contact perpétuel.
Dans les rues, sur les trottoirs, dans les bus. La vie pour beaucoup
de Liméens se passe dans la rue, à vendre des friandises ou des autocollants
datant de l’âge de pierre.Les maisons sont ouvertes au regard, les voitures et autres taxis à 3 roues nous frôlent mais nous évitent quand même, et rappelons-le tout de même, on est serré sur la banquette.
Lima, c'est aussi et malheureusement du REGGAETON... pendant le repas.
Je cite Florent: "J'en ai marre de voir des culs en mangeant".
Et puis il y a le pisco, la salsa, Aventura et tous les autres.
Ca en fait du dogme après seulement quelques jours d'immersion en ville latine, je vous l'accorde.
Relire ça plus tard, et rire de son immobilisme conceptuel.